source inconnue
A peine installée dans la salle d’attente, me voici appelée dans le bureau d’un ultime spécialiste.
Il est mon dernier espoir, ma bouée de sauvetage pour sortir de ce mal être qui me ronge depuis tant d’années maintenant.
Je lui explique mes déboires dans le détail sans comprendre la raison. Il ne dit rien, me regarde sans sourciller. Je crains qu’il ne se moque de moi comme tous les autres d’ailleurs, voire qu’il m’interne d’office dans un hôpital psychiatrique mais non…
Ce charmant Monsieur met un nom sur ma maladie.
Je ne comprends pas ce langage grandiloquent, ce verbiage médical mais je décide de m’allonger sur son divan comme il me l’a demandé afin qu’il en comprenne la raison via l’hypnose.
- Que voyez-vous Madame ?
- Un petit tombereau à bras !
- Et que ressentez-vous ?
- Une angoisse, une peur panique qui me tétanise.
- Qui a-t-il derrière cette brouette ?
- Un petit homme à la barbe blanche au visage teinté de rose avec un bonnet rouge. Il est vêtu d’une salopette bleue et d’un tricot jaune poussin. Le pire, c’est son sourire narquois, son regard pénétrant, pervers qui m’immobilisent. Un vrai nain faux man !
- Connaissez-vous cette personne ?
- C’est un nain connu, mais je ne retrouve pas son prénom.
- Concentrez-vous Madame s’il-vous-plaît ?
- Je veux bien, mais il me fait extrêmement peur ! J’en suis malade rien qu’à l’idée de le visualiser dans ma mémoire !
- Faites un effort !
- Et bien, c’est … euh. … un nain capable … de me détruire. Je vous assure, il est un nain compétent tant il arrive à me terrifier !
- Dans quel lieu se trouve t-il ?
- Dans le jardin à côté de la maison de mes grands-parents quand j’avais 6 ans. J’étais partie chez eux en Norvège durant les vacances de Mardi-Gras.
- Comment s’appelait-il ce voisin ?
- Euh ! Carlos. Carlos CONGRU. Ma grand-mère l’appelait le nain congru !
- Pourquoi avez-vous peur de lui ?
- Sa brouette ! J’ai peur des nains de jardin armé d’une brouette ! Je ne peux me contrôler. C’est maladif, n’est-ce pas ? car cela m’handicape depuis toujours. Je ne sors plus Monsieur tant j’ai la crainte de croiser dans les jardins de mon quartier des nains à brouette ! Je hais mon voisinage qui les collectionne et c’est pour cela que j’ai pris mon courage à deux mains pour les faire voyager soi-disant alors que je les broyais à grands coups de pelle !
- Cette maladie, Madame, porte un nom. Oui, c’est une maladie : rare certes, mais reconnue. Cela s’appelle la Nanopabulophobie !
- Que puis-je faire pour vivre sans cette peur qui me dévore ?
- C’est très simple : Chanter « Héhi-hého, je ren-tre du bou-lot » le soir en rentrant du travail. Penser à Blanche-Neige qui en supportait sept d’un coup Madame !
- Vous vous fichez de moi ? c’est ça ?
- Non Madame, je suis sérieux ! Et j’ai même pu discerner la cause de ce traumatisme.
- Ah oui et quel est-il ?
- Carnaval Madame. Aviez-vous vu des Nisses scandinaves dans le défilé ?
- Des quoi ? des niches ?
- Non, des Nisses, des lutins quoi ! Vos grands-parents ont certainement dû vous raconter leur légende !
- Ah …, euh, peut-être !
- La légende racontait que les Nisses étaient capables de prendre une taille bien plus grande que celle d’un homme adulte. Vous avez probablement développé votre angoisse à travers cette histoire et laissé votre imagination débordée à souhait. Soyez rassurée Madame, et pensez positif désormais.
- Mais, comment faire ?
- La chanson Madame, la chanson et le proverbe qui dit : « Brouette du matin, pour la journée, entrain… »
- MERCI Docteur. Je suis si reconnaissante car maintenant, je peux le dire et le crier même : c’était vraiment du grand nain porte quoi !